Novembre


Je suis Marilou.
Aux danses nocturnes, je valse en tango. Je suis indécise et floue. Et je ne crois pas que des mots puissent décrire un être.
Le regard s’étend sur la peau, le semblant vivre et les pupilles trompeuses s’arrêtent, buttent sur les écarts. La pluie m’indiffère, votre beau temps également. Mon cœur ne s’est jamais chamboulé. Quelques prises de vitesse, du bout des lèvres. Demi-mot des sentiments immédiats. Mais pas d’absolus, non. Non, bien sur. J’ai le temps. Tant que ma hâte éclot, jolie fleur impatiente. Le calice trépigne, se tord et s’apprête. Un écho résonne, dans l’écrin des pétales. Dans le cocon de la fleur de l’âge, on entend « quand, quand, QUAND ? » Je piaffe d’inutilité et, léthargique, je suis une petite conne qui attend son heure.
L’heure passée, vient alors le regret.
Toujours.
On verra et je suis grande. Grande comme la conscience, tout au fond, du vide intérieur. Grande comme l’hypocrisie qui ne lâche jamais. Grande comme des responsabilités pas assumées. Mes sautes d’humeurs, ce sont les déconnections nerveuses de mes ratures brumeuses. Pensées hasardeuses et dénuées de sens. Dans le chaos de l’âme dissonante, petite de rancœur et de jalousie. Petite de petites envies. Petite de l’amer d’une vie due aux décisions et surtout, surtout de leurs absences. Déraison et absurde du gris, du terne. Mes explosions ne sont que nuances de gris. Mes clichés noir et blanc n’existent pas. Mon contraste est nuancé. Toucher au but m’est inconnu : je suis l’inachèvement.
Je ne suis pas la flamme ni l’étincelle. Je brûle en braises, entre la mort et la vie : le sommeil. Le sommeil qui ne s’éveillera pas. Le dormeur aux chimères, milles fois empoignant ses draps. Milles fois retourné dans sa petite mort de misère.
A cet instant, je ne suis pas l’optimiste.
A cet instant, je révèle. Bientôt, je retournerai dans mon anonymat de jeune fille. Je ne serai plus. Où a demi. Ni droite, ni honnête.
Se mentir, aveuglé par le quotidien qui se défile. Emportée au grés des jours numérotés du calendrier. Etre banalement banal.
S’en apercevoir.
Et vouloir en sortir, enfin.
Seulement, rien. Seulement, juste une poussière dans une masse d’inconnus. Inconnue à soi et aux autres. Voici le mensonge universel, voici l’engrenage. Naturel. Mes chimères sont aussi indifférentes à mes égards qu’aux vôtres. Ma réalité se trouble, et je ne sais plus si elle a déjà été, voilée comme elle est, dissimulée de la vue et de nos regards. Que je juge, comme vous me jugez.
Que je juge. Sans autre recul que mes trois petits pas moraux. Ma petite morale de française moyenne. Engoncée dans l’esquisse de l’apagogie territoriale.
Entre le désir de révolution et l’incapacité aux réelles convictions.
Je me leurre, et j’aime ça. Parce que c’est l’empreinte d’une vie. Regardez, je crie et m’insurge : je suis. Je prends soudain conscience de mes devoirs aux pavés, de mon indignation profonde.
Nous le savons tous. Nous ne sommes qu’acteurs. Aux didascalies teintées des influences des autres.
Nous ne sommes que spectateurs. De nos vies rêvées. De nos existences biaisées.
Vivre en face à face de soi, dans les ténèbres incroyables de la vérité. Mon bonheur illusoire, mes rêves inexistants sont les passeports de mes leurres.
Laissez moi vivre, donc.

2 commentaires:

  1. Anonyme18:27

    Tu fus incendie

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  2. Anonyme22:51

    Je suis Ivi Kromm, j'écris des exegèses. Je crois que des mots peuvent définir des personnes, puisqu'on les réfléchit, qu'on va les chercher au fond de sa pensée qu'on pousse à bout. En écrivant des eexégèses nous sommes acteurs, nous produisons un témoignage, nous sommes des acteurs témoins. Nous sommes actifs et passifs, puisque nous agissons en regardant passer.
    Enfin.
    Alors on a des choses à se dire? Chiche. Je mets un lien.

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